Nous avions retrouvé le Mimil’ et la Mimie. Toujours prêt à faire le coq, notre papa avait lancé un défi aux hommes : « J’vous prends au tir ». Pour les entendre crier, on les avait entendus lorsqu’ils faisaient mouche. « Clac, clac » que ça faisait après avoir traversé le carton-cible. Se prenant pour un héros du Far-West, notre papa avait brandit sa carabine d’une main et son carton troué au centre de l’autre : « J’suis le meilleur ! » braillait-il. Il venait de gagner une peluche, un nounours.
Et à la grande loterie, ça il y avait des cris, des rires. A savoir qui remporterait le plus gros lot. J’eus le droit de plonger la main dans le sac. J’en ressortis un papier roulé :
- 7 ! (cria notre maman) Mon jour de naissance, ça va me porter chance.
Ma sœur fit la même chose pour le compte de notre papa :
- 5 ! (clama-t-il après avoir enlevé la bague et déroulé son papier).
Nous prêtâmes notre savoir-faire à notre mémère pour ma sœur, à la tante Luluce pour moi. Au fond de la roulotte, les étagères regorgeaient d’articles plus alléchants les uns que les autres. Ma sœur convoitait la grande poupée. Moi ? Bof… Mon regard se fichait sur la grande roue découpée en bande de couleurs. Enfin, la dame déclencha le suspens. La roue pavée de numéros tourna...
- 7 ! 7 ! (criait notre maman) Allez !
- Où môman ?
- Là, la bande rouge, c’est nous. Allez ! Allez !
Alors, je me mis à crier « 7 » comme notre maman. La fameuse bande rouge se rapprochait tandis que la roue ralentissait. La roue freina sur le 7 :
- Tu vois, ça m’a porté chance ! (exultait-elle).
La roue hésita, vacilla, avança, recula, passa le 7 pour s’arrêter sur le 14. « Oh… » ; « C’est moi ! Le 14, c’est moi » cria le nonôn Popaul. Il gagnait la grande poupée. Et l’on recommença. Notre papa se distingua en raflant un tout petit singe en peluche. Par contre, notre maman gagna une bouteille de vin.
La tante Luluce nous avait offert des pâtes de fruit.
- Hum ! Que ça a l’air bon (en bavait notre maman).
Elle le répéta au moins dix fois. Nous finîmes par lui en donné une. C’est qu’elle ne la refusa pas.
- Un c’est tout. Les autres c’est pour nous ! (avertit ma sœur).
Au stand suivant, la tante Luluce remit ça et offrit, cette fois, des gaufres avec de la Chantilly.