Le Claudi fit semblant de ne pas comprendre. Nous racontâmes ce que nous savions. Il ponctuait notre discours de « hum » de mauvais augure. Etait-il de mèche avec le Sotré ? Il prit un air sérieux :
- Hou ! Le Sotré est bien trop méchant. Faut pas le déranger.
- Mais, toi, i t’fait pas de mal ?
Le Claudi souleva sa casquette, se gratta la poyate en grimaçant, il bafouilla :
- Non… non… Il me connaît…
- Bâ, alôre, si l’Sotré t’connais, i nous f’ra pas d’mal, nème !
Ma sœur insista tellement que le Claudi nous prit par la main. L’escalier était raide. L’endroit était froid, humide, ténébreux. Et ça puait la pourriture. Une nouvelle quinte de toux du Claudi résonna lugubrement.
La lumière de la petite ampoule traçait une étrange figure sur le sol rocailleux sans parvenir à éclairer tous les recoins. Mais, ma sœur exigea de visiter chacun d’eux. Moi, je restais planté juste en-dessous de l’ampoule. Incarné en Grilou, le Sotré était tapi dans l’un de ces sinistres recoins. Il allait jaillir. Il allait nous dévorer. Le Claudi arriverait-il à nous protéger ? J’en doutais. Tous mes muscles étaient tendus. Je tressaillis. Ce n’était qu’une goutte d’eau tombée du plafond qui avait percuté mon front. Je n’avais qu’une envie : me barrer de cet endroit maléfique. J’en étais incapable, comme soudé au sol noirci. Défilait dans ma mémoire l’histoire de la Sotrée devenue le Sotré… Ma sœur et le Claudi s’approchaient du dernier recoin à explorer. Le Claudi fit un bond en arrière, effrayant du même coup ma sœur et moi encore plus.