Notre première réaction fut de trouver que le P’ti-Jésus était radin. Le Saint-Nicolas, lui, en plus des chocolats, il nous avait apporté des jouets et des pains d’épices. Et ma sœur émit un doute : « C’est pas le P’ti-Jésus qu’a apporté les chocolats ». Sans qu’on s’en rende compte nos parents nous avaient embarqués dans leur bondieuserie. Nous en étions à chanter les louanges du P’ti-Jésus et à prier pour qu’il nous accorde ses fins bonnes grâces. Tout simplement, c’étaient nos parents qui avaient acheté les chocolats et les avaient accrochés au sapin. Les adultes utilisaient toutes sortes de subterfuges pour nous détourner de not’ Sotré. Nous nous ressaisîmes à temps. Heureusement !
Les dix heures sonnaient lorsque nos parents partirent pour la messe. En raison de cette belle fête, ma sœur les accompagna tandis que, le Fofo et moi, nous nous retrouvâmes chez la tante Agathe. Pas plus mal, car vois-tu aussi chez elle, il y avait des chocolats. L’après-midi fut consacré au tour de la famille proche : nos grands-parents, la tatâ Nénète et le nonôn Popaul, la mémère Maria et la tante Luluce. Et chez eux, miam ! miam ! il y avait aussi plein de chocolats et de bonbons.
Et voilà, la Noël était passée comme disait notre maman. Elle avait rajouté : « La Noël sans neige, c’est pas la Noël ». Faut reconnaître que ces dernières journées avaient été presque douces. Au point que notre papa avait prédit : « La Noël au balcon, Pâques aux tisons ».
Ah, notre papa n’avait vraiment pas de chance. Lui, il travaillait pour un patron de Nancy, pour un patron de l’Intérieur. Alors, bien qu’il bougonna un bon moment, il irait travailler le vendredi et le samedi matin. Car, vois-tu, chez nous, le lendemain de la Noël était chômé et payé. Ainsi, le nonôn Popaul, notre pépère et bien d’autres feraient le pont jusqu’au dimanche soir.