Lorsqu’ils firent leur entrée au pub, Gaélen et Brandon Kennedy étaient plongés dans une discussion animée, un bock de stout[1] dans les mains. La stout irlandaise, cette bière brune, douce, au goût de caramel, qui enveloppe vos papilles et propulse votre âme au zénith. Il se leva, surpris de voir sa sœur entrer avec un étranger à l’allure d’un gentleman.
- Nous t’attendions, Margie, je te présente Brandon Kennedy dont nous a parlé le docteur Murphy. Qui est ce monsieur ?
- C’est le Lord maire de Limerick, dit Brandon qui l’avait reconnu. Bienvenue chez moi, monsieur Flynn, votre présence m’honore, que puis-je faire pour vous être agréable ?
- Rectification, monsieur Kennedy, j’ai démissionné de ma charge de maire il y a deux mois. Les abus de pouvoir et les exactions du gouverneur anglais envers ma population ont eu le don de me mettre hors de moi. Ma fonction, avec le temps, était devenue de plus en plus honorifique, sans pouvoir et mal rémunérée. Le décès de mon épouse, peu de temps avant, a été l’agent déclencheur.
- Gaélen, déclara Margie encore troublée, monsieur Flynn est un homme d’action, énergique et déterminé. Je me suis trouvée bien malgré moi dans une rixe avec des soldats anglais. Monsieur Flynn s’est interposé et les a fait déguerpir de belle façon. T’aurais dû voir… les malandrins sont reparti comme des chiens avec la queue entre les pattes.
- Sapristi, jura Gaélen se levant d’un tel bon qu’il fit glisser sa chaise, j’ai manqué de jugement, je n’aurais pas dû te laisser aller seule dans cette ville.
- Là-dessus, jeune homme, intervint Thomas Flynn en s’esclaffant, n’ayez la moindre inquiétude en ce qui concerne la sécurité de votre sœur, j’ai été témoin d’échanges d’acerbités qui vous aurait certes rassuré. Mademoiselle votre sœur a tout d’un petit coq arrogant, combatif et peu commode à dompter. Elle aurait pu s’en tirer seule.