- La mère Mohhat va bien, Oda. Là, elle est partie choisir son téléviseur. Moi, ça ne m’intéresse pas. Ma radio et mon journal me suffisent. Et quand je veux me distraire, j’ouvre un livre ou je vais faire une balade dans la campagne.
- Martini ! Martini ! (criâmes).
Le Félix embrassa tout le monde, sauf le père Mohhat à qui il serra la main.
- Alors le père Mohhat, ça getse ?
- Ça va et chez toi ?
- C’est tout bon. Faudra que vous veniez voir notre nouvel appartement.
- Ils sont bien installés (fit notre maman sur un ton admiratif).
- Z’ont même une baignoire. Une grande baignoire, t’sais (rajouta ma sœur).
- Parles-en à ma bourgeoise. C’est elle qui veut jamais sortir. Sauf aujourd’hui (rigola le père Mohhat) Elle est par chez toi, chez le marchand de téléviseurs.
- J’l’ai vue en v’nant. Elle m’a dit de vous en parlez, que c’est vous qui décidez…
- C’est nouveau ça. Parce qu’à la maison, c’est elle qui porte le pantalon. Et j’ai intérêt à filer droit.
Tous s’esclaffèrent.
- Sans blaguer : elle m’a dit dimanche après-midi.
- C’est noté Félix. Si la bourgeoise l’a dit, il faut le faire.
- J’ai ta commande Catinète. Enfin presque, me manque plus que le vin. Je vois mon copain la semaine prochaine.
- Martini, whisky, Ricard, Porto et des jus de fruits pour les enfants ?
- Mais oui, j’ai tout. Ton mariage sera bien arrosé. Je t’amènerai tout ça, disons samedi. Enfin, pas le samedi là, l’autre d’après quand j’aurai récupérer le vin. J’ai même une bouteille de Calvados et une autre de marc de Bourgogne. Celles-là, c’est moi qui les offre.
- Et l’Fanfan, t’as des nouvelles ? Parait qu’i s’est fait renverser devant chez le Jano.
- Penses-tu Oda, je l’ai vu ce matin. Justement chez le Jano. A mon avis, le Jano s’est fait voler une neuve bicyclette. Ils étaient dans le magasin, je les ai juste salués du dehors. Mais c’est vrai que les gens ont toujours besoin de sensationnel.
- Y’a de l’animation chez nous (s’esclaffa le père Mohhat) T’vois Oda, pas besoin de téléviseur.
- Bon, j’vâs vous laisser (dit le Félix) J’dois être à deux heures à Morhange. Et comme j’ai dit à la Domi que je faisais les courses ce matin… Bonne journée.
- Toi aussi. Embrasse la Domi pour moi (cria notre maman).
Le départ du Félix provoqua la dislocation du couârail.